336 kilomètres, une nuit entière et 6500 m de D+ : Digne-les-Bains – Mandelieu, mon aventure Race Across France 2025
- le casque rose
- 23 juin
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 24 juin
Quand on me demande pourquoi je fais ça, je ne tourne plus autour du pot :
« Parce que j’en ai besoin pour être moi, tout simplement. »
Cette course de 336 km et 6500 mètres de dénivelé entre Digne-les-Bains et Mandelieu-la-Napoule, je l’ai vécue comme une aventure. Pas juste une épreuve. Une traversée. Une rencontre avec moi-même, à coups de coups de pédale, de doutes, de lumière et d’ombre. Et toujours, ce fichu casque rose sur la tête, comme un rappel que la folie peut être douce. une aventure made in Race Across France.
Départ de Digne-les-Bains : la nuit, la montagne et moi
Vendredi 20 juin. 20h32. Le silence est total dans ma tête, bruyant sur la place du centre.
Je lance le chrono. Les sacoches sont prêtes. La nuit arrivante est belle. Presque complice.
Les premiers kilomètres glissent. Tout va bien. Pour l’instant.
Arrive Jausiers, sa base de vie, son froid et ses discussions avec d'autres concurrents, je suis crispé par la température. Je me pose 45 minutes pour me réchauffer. J'embrasse les bénévoles que je connais. Je décolle.
Puis arrive la Bonette. Le col des superlatifs. Le noir est dense. Le froid aussi. 3 degrés là-haut. Je ne sens plus mes doigts. Je ne sens plus mes jambes qui claquent. Je ne sens plus mes freins. Mais je sens quelque chose en moi qui dit : continue.
Je monte, mètre par mètre. Ma frontale découpe le vide. Je suis seul. Et pourtant… je ne me suis jamais senti autant à ma place.
Je souris. Parce qu’au sommet, on se sent minuscule… et immense à la fois.
Une pizza, une tarte aux fraises… et un moment suspendu
Je redescends jusqu’à Tournefort je crois. J’ai les bras tétanisés. Les pieds gelés. Je suis un glaçon ambulant.
Et là… une boulangerie. Ouverte. Miraculeusement. Je m’arrête. Je m’assois. Je respire. Il y a une dizaines d'autres concurrents.
La serveuse me demande ce que je veux. Je réponds sans réfléchir :
« Une pizza. Et une tarte aux fraises. »
Et c’est là que je reviens à la vie.
Une pâte chaude, croustillante. Du fromage fondant. Des fraises rouges. Sucrées. Fraîches. Le contraste avec le froid de la montagne est brutal. Mais délicieux.
J’ai envie de pleurer. De fatigue. De gratitude. De tout.
Touët-sur-Var, km 204 : sa voix, et tout change
Le téléphone sonne.
Sa voix traverse le haut-parleur. Douce. Rassurante. On ne dit pas grand-chose. Mais c’est énorme.
Sa voix, c’est ma boussole.
C’est ce qui me tient quand je vacille.
Elle n’est pas là, mais elle est partout.
Dans mes poches. Dans mes sacoches. Dans chaque tour de pédale.
Je raccroche. Je souris. Et je repars. Le cœur plus léger. Et plus fort.
Le col de Bleine : chaleur, lutte, fontaines
Et puis vient le col de Bleine. Et là… c’est une autre course qui commence.
Il fait chaud. Vraiment chaud. Le goudron fond.
Mes pensées aussi.
Je grimpe. Lentement. Et à chaque fontaine que je croise, je m’arrête.
Je plonge ma casquette dans l’eau. Je la mets sur ma tête. Je la replonge. Je m’arrose. Je colle mes bras contre la pierre.
Chaque fontaine devient un refuge. Une bénédiction. Un petit miracle.
C’est dur. C’est long. C’est sauvage. Mais je passe.
L’arrivée à Mandelieu dela race across France : la mer, les larmes, et une bière qui goûte la victoire,
L’arrivée à Mandelieu-la-Napoule, c’est une vague. Une vraie. D’émotions, de fatigue, de gratitude. Je suis vidé, lessivé, cramé… mais je suis là. Le casque toujours rose, le sourire un peu tremblant mais immense. J’ai mal partout, sauf à l’âme.
Merci
Merci à Alexandra, pour ta confiance, ton amour, ta lumière. Même à distance, tu étais là. À chaque mètre. À chaque montée. À chaque doute.
Merci à mes enfants, Louise et Léon, qui ne comprennent pas encore tout ce que fait papa sur son vélo… mais qui m’accueillent avec des sourires, des câlins, et cette lumière dans les yeux qui vaut toutes les lignes d’arrivée du monde.
Merci à Thomas, mon ami, qui a sûrement battu le record mondial d’ennui en m’attendant… longtemps. Très longtemps.
Le tout… en étant accessoirement le copain de ma cheffe dans la vraie vie. Comme quoi, même dans l’ultra, la boucle est bouclée 😄
Merci à vous toutes et tous, qui lisez, suivez, encouragez. Votre énergie est un moteur discret. Invisible, mais terriblement puissant. A tous vos messages sur les réseaux que j'ai reçu durant cette course.
Merci à moi-même, pour ne pas avoir abandonné, même quand tout me disait de le faire.
Et merci à ce casque rose.
Le Casque Rose est né d’un besoin de douceur dans un monde de performance.
Un symbole pour rappeler qu’on peut être fort, sensible et joyeux… tout à la fois.
Que le but premier, c’est de se faire plaisir. De croire en soi. De ne pas avoir peur d’être soi-même.
D’être inclusif. Bienveillant. Humain. Le vélo, c’est du bonheur à l’état brut. Comme doit l’être la vie.
Mon casque rose fait sourire — et c’est tout ce que je souhaite. Voir des sourires. Sentir du bonheur. Et continuer à le faire rayonner.
Je ne peux finir ce texte sans remercier toute l'équipe Race Across, tous les bénévoles, tous les participants.
Photos arrivent plus tard sur ce blog

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