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Gravel Across Alps : l’aventure Humaine

le casque rose

Le casque rose au départ de la Graaalps avec son vélo Wishone

Bon, tout a commencé un peu naïvement, comme souvent avec ces aventures de malade. Le 31 janvier 2024, je me retrouve sur la page d'inscription d'une course qui annonce direct la couleur : Gravel Across Alps.

Un truc qui te promet 750 km de galère, 18 000 mètres de dénivelé et cinq jours pour tout boucler. Mais bon, c’est Arnaud Manzanini aux manettes, alors je me dis que ça va être bien ficelé, que ce sera une expérience incroyable. Je m’inscris, sans trop réfléchir. Mandelieu la Napoule, en France, jusqu'à Crans-Montana en Suisse, ça ne doit pas être si terrible... Spoiler : c'était terrible.


Le 15 juillet arrive enfin. J'ai pris le train depuis Genève, direction Mandelieu. Le trajet est long, mais il me permet de me préparer mentalement. Ou du moins, c'est ce que je pensais. Je rejoins deux concurrents en chemin, Nathalie et Arthur, et on fait la trajet ensemble jusqu’au départ. On arrive la veille, histoire de se poser un peu avant de prendre le départ à 21h. L’attente est interminable. On est une quinzaine, on échange quelques mots, mais l’ambiance est étrange. Chacun sait qu’on va en baver, c’est juste qu’on ne sait pas encore à quel point. Mais l'équipe de bénévoles, l'organisation est présente et bienvaillante.


Le départ est donné le 16 juillet, il ne fait pas encore nuit. On s’élance dans les rues de Mandelieu, direction... bah, direction l’inconnu. Les premiers kilomètres sont franchement sympas, on longe la Siagne, et puis, très vite, ça se gâte. Montées interminables, portions à 16 %, chemins où il faut pousser le vélo.

Ah, et moi, j’étais pas bien dès le départ. La fatigue ? Le stress ? Pas sûr, mais en tout cas, je sentais que ça allait être long cette histoire.


Arrivé à Grasse, après même pas 50 kilomètres, je suis déjà sur les rotules. Pas normal, clairement. Je m’arrête pour manger, essayer de reprendre des forces. Mais je vois bien que ça ne tourne pas rond. Pendant que les autres filent devant, moi je traîne. J’avance comme je peux. Heureusement, il y a Richard et Clément qui finissent par me rattraper, on roule ensemble, on papote un peu, ça fait du bien au moral. On se serre les coudes dans la galère.


Et puis, c’est là que le cauchemar mécanique commence. D’abord, une crevaison, puis une deuxième. Mon pneu est fichu, et moi, moralement, je ne suis pas loin de l’être aussi. Lucérame, petit village de 140 km au compteur. J’y fais une longue pause, je répare comme je peux, mais je sais que ça va être compliqué. J’ai dû perdre au moins une heure, sans compter l’énergie. Mais bon, je repars. Pas trop le choix.


Reparation demon vélo gravel à Breil

Sauf que là, je re-re crève... Encore. Et là, je sais que c'est foutu. Arrivé à Sospel, je n’ai plus de quoi réparer, plus de forces, et surtout plus la motivation. Il me reste deux cols à grimper, mais franchement, avec un pneu en lambeaux, je me vois mal continuer. Alors j’appelle l’organisation. C’est dur, mais c’est la bonne décision. Ils me confirment que je peux prendre un train jusqu’à Breil-sur-Roya, où je trouverai un magasin solidaire pour changer mon pneu. Je passe quelques heures là-bas, le temps de faire les réparations. J’ai perdu tellement de temps et d’énergie que l’idée de finir la course s’évapore petit à petit.


Mais vous me connaissez, j’étais pas encore prêt à jeter l’éponge. Alors, après Breil, j’ai continué jusqu’à Tende.

Interview à Cuneo dela Graaalps

Petite pause dans un café, le temps de reprendre des forces avant d’attaquer le fameux col de Tende, 16 km de montée. Et là, c’était vraiment l’enfer. Long, dur, je me retrouvais à pousser mon vélo plus que je ne pédalais. On se croisait avec Sébastien et Nicolas...Mais en haut, quelle récompense. La vue, la satisfaction d’avoir gravi

ce monstre. La descente sur Cuneo, elle, a été un vrai plaisir. J’arrive à 22h, épuisé mais content d’être là. Une douche, quatre heures de sommeil, et je me dis que je vais continuer. (interview de cette photo en fin d'article)


date lors de la gravel across alps


Le lendemain matin, à 7h, je repars direction Turin. Mais là, mon corps commence vraiment à tirer la sonnette d’alarme. Les jambes ne suivent plus, la fatigue est omniprésente. Je m’arrête chez une habitante pour manger, (Me voyant tout penaud sur le bord du chemin elle me propose de me faire un ragout...magique...) espérant que ça irait mieux après. Mais non. Dans la deuxième grosse montée de la journée, les nausées frappent. Violentes. La déshydratation, je le sais bien, me rattrape.



décision de dire stop sur la gravel across alps


Là, c’est le moment de vérité. Je m’assois sur le bord de la route au bord d'une fontaine, le chemin commence pour partir en altitude et je réfléchis. Continuer dans cet état ? Ce serait pure folie. Alors je prends la décision la plus difficile : j’abandonne. Mais ca fait depuis la veille que j'y songe... Un Italien en 4x4 me récupère sur le chemin, une chance et me dépose à une gare pour que je prenne un train direction Turin. C’est là que mon aventure a pris un autre tournant.




À Turin, après des pleures, des rires, une nuit dans une chambre à 20°, je suis devenu bénévole et une nouvelle aventure commence. J'ai plutôt était avec eux... mais quand même...


Devenir ou plutôt être avec les bénévoles a complètement changé ma perspective sur cette course. Ce qui aurait pu être vécu comme un échec s'est transformé en une nouvelle aventure, tout aussi riche et marquante. Être de l'autre côté, à accueillir les coureurs, à les encourager, m’a donné une autre vision de l’effort, de l’entraide, et de ce que signifie vraiment une course comme la Gravel Across Alps. J’ai partagé des moments incroyables avec les autres bénévoles, croisé des visages épuisés mais déterminés, et j’ai réalisé que cette expérience allait bien au-delà des kilomètres ou du chrono. Cette deuxième partie de mon aventure, en tant que bénévole, m’a montré à quel point cette course était humaine, tissée de liens et de solidarité. Une autre histoire, imprévue, mais tout aussi incroyable.


Même si je n’ai pas terminé la course, cette aventure m’aura apporté bien plus que prévu. L’humilité, l’acceptation des limites, et surtout, la conscience que ce n’est pas la ligne d’arrivée qui définit une aventure, mais tout ce qu’on apprend en chemin.


Je reviendrai, c’est sûr. L’année prochaine, je serai là, mieux préparé, pour finir ce que j’ai commencé. La Gravel Across Alps, ce n’est pas juste une course. C’est une leçon de vie.


Merci à tous mes partenaires pour cette course: Velomania, Stoots, Spad Channel, Wishone et les Hopitaux universitaires de Genève...


Merci également à tous les bénévoles et à toutes les personnes avec qui j'ai vécu cette aventure, mais que je n'ai pas mentionnées dans ce texte, comme Louis Gauvrit, Hugo Declerck, Natalie Monnier, Fabien Monnnier, Yoan Pesenti, Laurent Dujols, Jonathan Monnin avec qui nous sommes à jamais les premiers à avoir pris le départ de cette 1ère édition.



Portrait du casque rose sur la race across alps



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