Du bitume aux sentiers : mon périple avec l’Origine Graxx GTR
- Jean-Marin Grillon
- 19 mai
- 8 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 juin
Lorsque j’ai enfourché pour la première fois mon Origine Graxx GTR, j’avais en tête un programme ambitieux : participer à un périple de 300 km sur route lors de la Race Across Paris, puis emmener le même vélo sur plusieurs sorties gravel d’une centaine de kilomètres. Ce gravel bike haut de gamme, monté en SRAM Force 1x12 avec un plateau de 40 dents à l’avant et une cassette 10-44 à l’arrière, promettait une polyvalence hors pair. Passionné de cyclisme, j’étais curieux de voir si ce Graxx GTR tiendrait ses promesses en termes de rendement et de confort sur ces longues distances variées. Voici le récit de cette expérience, entre bitume parisien et chemins de campagne.
300 km sur route à la Race Across Paris : un gravel en mode ultra-randonnée

Dès les premiers kilomètres de la Race Across Paris, j’ai senti le tempérament vif du Graxx GTR. Pour maximiser mes chances sur cette épreuve routière, j’avais opté pour une paire de roues chaussées de pneus slick de 30 mm. Le résultat ne s’est pas fait attendre : sur l’asphalte, le Graxx m’a donné l’impression de rouler sur un véritable vélo de route, avec un rendement étonnamment élevé. La rigidité du cadre en carbone (technologie UML) se traduit par une excellente transmission de la puissance : chaque coup de pédale faisait bondir le vélo en avant. Les relances étaient franches et nerveuses, au point que je n’enviais en rien les cyclistes montés sur des machines de route pures – les amateurs de sprints et accélérations brutales ne seraient pas déçus par ce gravel. À plusieurs reprises, j’ai “giclé” hors des virages et le Graxx a répondu avec une vivacité surprenante pour un vélo taillé aussi pour le tout-terrain.
Au-delà du dynamisme, ce qui m’a frappé durant ces 300 km, c’est la stabilité et la confiance que m’a procurées le Graxx GTR. La course a démarré de nuit, à 20h, et j’ai rapidement quitté les lumières de Paris pour les routes sombres de la campagne francilienne. Malgré la fatigue qui s’accumulait après minuit, le vélo est resté parfaitement stable, même lorsque le vent s’est levé sur les plaines ouvertes.
La géométrie du Graxx, avec son poste de pilotage un peu plus haut qu’un pur sang de route, y est sans doute pour quelque chose : on adopte une position légèrement plus relevée, moins extrême, qui soulage le dos et les cervicales sur la durée. Cette ergonomie typée endurance m’a permis de tenir une cadence soutenue sans inconfort majeur au fil des heures. Au petit matin, alors que j’avalais les dernières portions roulantes menant à l’arrivée de Chantilly, je me sentais étonnamment frais compte tenu de la distance. Le cadre en carbone travaille bien pour filtrer les petites vibrations du bitume abîmé, et couplé à mes pneus de 30 mm (GP5000) j’ai été épargné des fourmillements dans les mains ou des douleurs lancinantes habituellement redoutées sur les ultras.

Évidemment, avec une transmission mono-plateau de 40 dents, je m’interrogeais sur la capacité du Graxx à encaisser les pointes de vitesse sur route. Sur le plat et les faux-plats descendants, le braquet 40x10 s’est révélé suffisant pour maintenir une allure solide (plus de 40 km/h sans problème en cadence). Ce n’est qu’en descente prononcée, au-delà de ~50 km/h, que j’ai commencé à mouliner dans le vide – un compromis acceptable étant donné l’objectif ultra-distance où l’endurance prime sur la vitesse pure.
En revanche, dès que la route s’élevait ou que la fatigue se faisait sentir, j’ai béni ma cassette de 44 dents : le développement le plus court m’a permis de gravir les côtes sans me mettre dans le rouge, même après 250 km dans les jambes. Cette plage de braquets très large est un atout indéniable du montage SRAM Force 1x, autorisant à la fois une bonne vitesse de croisière et l’ascension de pentes raides avec un vélo chargé. En somme, sur la Race Across Paris, l’Origine Graxx GTR a prouvé qu’il pouvait se muer en excellent vélo de route sans quasiment rien sacrifier en rendement. J’ai pu rallier l’arrivée des 300 km exténué mais heureux, convaincu d’avoir trouvé en ce gravel un véritable allié pour l’ultra-distance sur route.
100 km de gravel engagé : le Origine Graxx GTR sur son terrain de jeu
Quelques jours plus tard, il est temps de quitter le confort du bitume pour tester le Graxx GTR sur ses terres : les chemins de gravel et les sentiers forestiers. Je remets les pneus gravel de 40 mm (Hutchinson Touareg) (section polyvalente bien adaptée) et pars explorer une boucle de ~100 km mêlant chemins roulants, portions de terre, graviers et quelques singles truffés de racines dans le canton de Genève. D’entrée de jeu, je retrouve le caractère joueur et performant déjà entrevu sur route. Sur les chemins blancs et les pistes en terre, le vélo file à vive allure : on sent qu’il est taillé pour aller vite sur les chemins comme sur la route. Le Graxx GTR avale les portions roulantes avec une aisance déconcertante, comme un pur gravel de compétition. Sa rigidité, qui m’avait tant aidé à relancer sur route, fait merveille pour conserver de la vitesse dès que j’appuie un peu plus sur les pédales. Chaque relance hors d’un virage gravillonneux se traduit par un bond en avant du vélo, sans aucune lourdeur. Le Graxx répond instantanément, donnant presque l’illusion de piloter un cyclocross affûté tout en restant très stable.

Dans le sud de la France sur les hauteurs de Cassis, sur des singletracks sinueux, j’ai pu vraiment m’amuser avec ce vélo. La précision du pilotage est au rendez-vous : la fourche rigide et le cintre large offrent un contrôle fin pour placer les roues exactement où je le veux. Dans les enchaînements rapides entre les arbres, les cailloux, le Graxx reste agile et surtout incroyablement stable, même quand le sol se dégrade. J’ai été surpris de pouvoir garder autant de vitesse dans les passages cahoteux sans me faire de frayeurs : le vélo reste parfaitement en ligne et ne saucissonne pas, y compris dans des conditions un peu extrêmes.
Cette stabilité dans les “pires conditions” inspire une grande confiance quand on décide de lâcher les freins en descente ou de négocier un virage sur gravier meuble. Pour peu que l’on garde un pilotage souple, on passe quasiment partout sans encombre, le Graxx ne bronchant pas sous les secousses.

Évidemment, sur un terrain vraiment accidenté, le Graxx GTR dévoile aussi son côté rigide. Ne disposant
d’aucun artifice de suspension ou de micro-amortissement, il compte sur la qualité du carbone et des pneumatiques pour filtrer les chocs. Sur les petites ondulations, racines discrètes et cailloux épars, le vélo offre un confort tout à fait honorable : les vibrations fines sont bien atténuées par le cadre et les gros pneus basse pression. En fin de journée, je n’ai pas ressenti de courbatures anormales ni de fatigue excessive due aux vibrations, signe que la filtration naturelle du Graxx fait le travail pour le gravel “classique”.
En revanche, lorsque le chemin se dégrade franchement – tôle ondulée, ornières creusées ou gros cailloux saillants – on sent vite que le Graxx GTR est un gravel orienté performance. Sur ce type de choc brutal, il secoue le pilote sans ménagement si l’on ne l’anticipe pas. J’ai appris à modérer un peu ma vitesse dans les pierriers et à alléger l’avant sur les gros trous, car ce n’est pas sa tasse de thé que d’encaisser du cassant pur. Et sur ces portions limites on finit par le sentir dans les bras et les jambes. Rien de rédhibitoire cependant : en ajustant la pression des pneus et en adoptant une conduite plus fluide, j’ai pu franchir des secteurs bien rugueux. D’ailleurs, la partie arrière du vélo semble filtrer légèrement mieux que l’avant, grâce probablement au triangle arrière CCT+ en une seule pièce de carbone qui dissipe une partie des vibrations.
Si je prévois une sortie très chaotique à l’avenir, je songerais peut-être à monter un pneu de 45 mm à l’avant pour un surplus de moelleux, tout en gardant du 40 mm à l’arrière pour préserver le dynamisme – un compromis confort/performance que le Graxx permet sans sourciller.

Sur le plan du comportement, ce Graxx GTR m’a donc impressionné par son double visage. D’un côté, c’est un gravel racer pur sang qui n’a pas peur d’accélérer fort, de tenir des moyennes élevées et d’attaquer des courses longues et roulantes. Je verrais tout à fait ce vélo s’aligner sur une épreuve type Gravel World Series ou sur des défis comme la Traka en Espagne : il a la nervosité et le répondant pour ça. D’un autre côté, j’ai apprécié qu’il sache aussi se montrer docile et confortable quand le rythme baisse. Lors d’une portion plus tranquille le long d'une voie verte, j’ai calé mes mains en haut du cintre, admiré le paysage, et le Graxx était tout aussi agréable à rouler à allure modérée. On sent bien qu’Origine a cherché l’équilibre entre performance et confort sur ce modèle. Ce n’est pas le gravel le plus souple du marché, mais il n’est pas tape-cul pour autant dès lors qu’on reste sur des terrains raisonnables. Sur 100 km de chemins variés, je n’ai jamais ressenti le besoin de “souffler” à cause du vélo – il se fait oublier, ce qui est sans doute la meilleure chose qu’on puisse dire d’un compagnon d’aventure. Et grâce aux nombreux inserts de fixation sur le cadre et la fourche (trois porte-bidons, emplacements pour porte-bagages et sacoches), je me surprends déjà à planifier une sortie bikepacking légère. Avec le Graxx GTR, on se prend vite à rêver de longues échappées sur plusieurs jours, tant il semble pouvoir être chargé sans perdre son équilibre et sa fiabilité de pilotage.
Bilan : un vélo à tout faire avec le sourire du passionné
Après ces expériences intenses – 300 km d’ultra sur route et plus de 300 km cumulés sur les graviers – je peux l’affirmer : l’Origine Graxx GTR a tenu toutes ses promesses.

Ce gravel sportif a su se montrer à l’aise sur deux tableaux que tout oppose en apparence. Sur route, il n’a quasiment rien cédé en efficacité par rapport à un pur vélo d’endurance, me permettant de rouler vite et longtemps sans souffrir d’un quelconque déficit de rendement. Sur le terrain accidenté, il a fait preuve d’une solidité et d’une stabilité rassurantes, m’emmenant là où je le décidais, tant que le tracé restait dans le domaine du gravel et non du VTT engagé. Il est clairement possible de n’avoir qu’un seul vélo pour tout faire : le Graxx GTR passe des rubans de bitume lisse aux sentiers caillouteux avec une facilité déconcertante. J’ai particulièrement aimé ses relances explosives, sa maniabilité et son tempérament joueur qui m’ont donné la banane à chaque sortie. Le revers de la médaille de cette fougue, c’est un cadre ferme qui pardonne moins les grosses secousses : sur des parcours vraiment cassants, le pilote doit fournir un peu plus d’efforts et encaisser physiquement ce que le vélo ne filtre pas. Mais pour ma pratique, c’est un compromis qui me convient parfaitement. La plupart du temps, mes sorties gravel ne vont pas chercher les extrêmes du VTT, et si d’aventure je tombe sur un passage très technique, je sais que le Graxx GTR pourra le franchir ponctuellement, quitte à y aller un peu plus prudemment.
En définitive, ce Graxx GTR s’est comporté comme le compagnon idéal que j’espérais. Léger (aux alentours de 8,5 kg dans ma configuration) et rigide juste ce qu’il faut, il m’a permis de profiter pleinement de chaque kilomètre, que ce soit en mode course contre la montre sur route ou en exploration sur les chemins de traverse. Je me surprends à le recommander chaudement autour de moi, notamment à ceux qui hésitent entre un vélo de route endurance et un gravel : le Graxx 3 GTR offre la bonne formule pour embrasser les deux univers sans compromis majeur. C’est un vélo polyvalent et passionnant, qui donne envie de multiplier les sorties et les défis. Qu’il s’agisse de foncer sur une épreuve ultra-cycliste, de partir en week-end bikepacking ou simplement de rouler au feeling là où le guidon nous mène, l’Origine Graxx GTR répond présent avec un plaisir communicatif. En refermant la porte après ma dernière sortie, couvert de poussière et avec 100 km de plus au compteur, j’avais la sensation d’avoir trouvé le vélo à tout faire qui colle à ma philosophie : performance, aventure et surtout, le plaisir intact de rouler loin… longtemps… et librement.
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Mon Origine Graxx GTR prêt à en découdre, ici équipé en configuration gravel. Sur route avec des pneus plus fins, il s’est comporté presque comme un pur vélo de route, tout en offrant plus de confort sur longue distance.
Voici les photos du cadre pendant mon montage:






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