Lyon – Genève Ultra night ride : 302 km en vélo d'une nuit entre deux mondes
- le casque rose
- 30 juin
- 3 min de lecture
🌙 Une nuit entre deux mondes
Lyon – Genève en vélo, 302 km de lumière intérieure
Vendredi soir, 23h.
Lyon vibre encore, les terrasses sont pleines, les verres tintent, les voix s’élèvent. Et moi, je clipse mes cales.
Je m’apprête à quitter la ville, à m’enfuir dans la nuit, à filer vers un autre monde.
De mes origines à mon présent.
Un monde de 302 kilomètres. 3500 mètres de dénivelé. Une nuit entière à vélo, à tracer vers Genève.
Pas pour fuir. Pour avancer. Pour voir ce qu’il reste dans les jambes une semaine après la RAF300, quand le monde dort.
🚴♂️ Départ : vitesse, chaleur et tension
Ça part vite. Trop vite.
Sortir de Lyon, c’est un sprint en apnée. On roule fort, en peloton compact, entre voitures, rails de tram et virages serrés. Je trouve ça dangereux. J’ai le cœur qui bat pour de mauvaises raisons.
Pas l’effort, non : l’instinct. L’envie de me protéger.
Puis la ville s’éloigne, la foule s’efface. Et la nuit devient enfin ce qu’on était venu chercher : calme, silence, et cette drôle d’intimité entre cyclistes. On roule en file indienne, dans un rythme soutenu, presque irréel.
Une sorte de procession de lucioles sur le bitume.
🕑 Premier ravito… ou pas
Km 50. Premier point de ravitaillement. Il est 00h47. Je ne m’arrête pas.
Trop dans le rythme. Trop bien. Trop curieux de ce que la suite va me raconter.
Km 97. Deuxième arrêt. J’y passe à 3h16 de course. Je recharge vite, je respire un peu. Et je repars… seul.
🧭 20 kilomètres de solitude
Ces 20 kilomètres en solitaire, je ne les oublierai pas.
Pas parce qu’ils sont longs. Mais parce qu’ils sont vrais.
Rien d’autre que moi, mon souffle, la route, et quelques étoiles.
C’est peut-être là que j’ai senti que j’étais exactement là où je devais être.
Puis un groupe me rattrape. On roule à plus de 40 km/h. C’est fluide, grisant, presque irréel.
👋 Rencontre au km 150
Troisième ravito. Km 150. Je tombe sur Océane, une cycliste incroyable qui a fait la RAF 500… la semaine dernière !
On roule ensemble presque jusqu’à Génissiat, km 210.
Ces moments à deux, ça vaut de l’or. Pas beaucoup de mots.
Mais une même envie d’avancer.
🧃 Génissiat, puis le Jura
À Génissiat, elle repart vite. Moi je prends le temps. Je mange. Je remplis les gourdes. Je respire.
Parce que ce qui se dresse devant moi, c’est le Jura. Et il ne se grimpe pas le ventre vide.
Km 250 : Lélex. On a 9h45 de vélo dans les jambes, mais les miennes répondent encore.
Je sens que ça va le faire.
Je monte la Faucille avec le sourire. Pas parce que c’est facile. Parce que c’est bon.
🏁 L’arrivée sans chrono
Descente à bloc. Une dernière bosse bien douloureuse pour garder les choses vraies. Et enfin, la ligne.
10h27 de vélo. Mais pas de temps officiel : les GPS ont planté. Pas de trace, pas de classement.
Et pourtant, l’arrivée est belle. Parce que ce que je retiens, ce n’est pas un chrono.
C’est un voyage.
Un voyage de mon lieu de naissance, à mon lieu de vie.
À l’arrivée, on nous accueille avec le plus beau des gestes : un vrai repas.
Omelette, saucisse, gaufre, galette de pommes de terre.
On mange avec les mains, les yeux cernés, les visages rougis par le vent et la nuit.
Et on se dit qu’on vient de vivre quelque chose de rare.
✍️ Un peu fou ce Lyon- Genève en vélo
Je suis rentré à Genève, simplement, tout en émotion. Avec une sensation gravée dans le corps :
Celle d’avoir traversé la nuit, pas juste roulé.
D’avoir fait quelque chose de fou, pour rien… sauf pour moi.
Et parfois, c’est exactement ça qu’il faut.
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